This article was published in the French newspaper Le Figaro. An English translation is below it.
Right and Left Should Support Barroso for a Strong Europe
18 September 2009
Maintenant que José Manuel Barroso a été réélu à la présidence de la Commission européenne, les dirigeants européens le laisseront-ils faire son travail ?
Sa reconduction ne fut pas édifiante. En dépit de sa qualité de candidat officiel du groupe de centre-droit au Parlement européen, Monsieur Barroso a reçu un soutien plutôt tiède de la part des responsables nationaux de ces partis. Le Président Sarkozy a demandé un report du scrutin. Le week-end dernier encore, Paris laissait planer l’idée que le Premier ministre François Fillon pourrait jouer les remplaçants dans l’hypothèse où Barroso n’emporterait pas la mise devant les eurodéputés. La Chancelière Merkel avait quant à elle du mal à contenir son irritation face à une Commission très critique des aides injectées par Berlin pour venir au secours des industries bancaires et automobile allemandes.
Paradoxalement, Monsieur Barroso a trouvé plus de réconfort chez les premiers ministres du camp politique opposé. Les travaillistes au Royaume-Uni et les socialistes en Espagne et au Portugal ont rapidement et clairement endossé la candidature de Barroso. Ils furent suivis par les gouvernements de gauche en Hongrie et en Slovaquie.
Les eurodéputés socialistes, qui n’apprécient guère le credo barrosien en matière de libéralisation des marchés, ont tonné leur désapprobation et attaqué le candidat. Mais c’était oublier une règle élémentaire de la politique : « you cannot beat someone with no-one » (on ne peut pas battre quelqu’un sans personne). Le groupe socialiste n’avait pas de candidat alternatif et la dernière chose dont avaient besoin les sociaux-démocrates allemands à la veille des élections législatives du 27 septembre était de voir leurs députés européens provoquer une crise politique en Europe par leur refus de reconduire Barroso.
Barroso n’est pas un homme de gauche. Mais il partage des valeurs chères à la gauche. Pendant sa jeunesse, il a participé à la révolution des Oeillets qui consacra l’avènement de la démocratie dans son Portugal natal. Son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme est né de cette expérience vécue d’une dictature au cœur de l’Europe. S’il est très libéral dans le domaine économique, Barroso n’est pas l’homme de main de la droite dure que l’on décrit parfois.
Le véritable problème de cet homme, -qui était en cela partagé par ses deux prédécesseurs immédiats, Romano Prodi et Jacques Santer-, est celui de vivre dans l’ombre pesante de Jacques Delors. Les années Delors furent les dix glorieuses de la construction européenne. Croissance et justice sociale étaient au rendez-vous. On enterrait le communisme. La Communauté européenne étendait ses frontières pour inclure l’Espagne, le Portugal et les Etats nordiques. Même lorsque Margaret Thatcher dériva vers l’euroscepticisme et que le Royaume-Uni entra dans une longue phase de désenchantement européen, Delors pouvait compter sur l’appui solide de François Mitterrand et d’Helmut Kohl.
Barroso n’a pas cette chance. Le contexte communautaire a radicalement changé et se caractérise notamment par l’absence d’un nouvel axe Berlin-Paris, puisque Monsieur Sarkozy et Madame Merkel, loin de manifester l’enthousiasme européen de couples franco-allemands précédents, trouvent difficiles de s’entendre. En outre, le Président de la Commission se doit de concilier les vues de vingt-sept nations qui jouent du coude plus que jamais et ne cachent pas leur mécontentement. Les transferts vers les Etats membres les plus pauvres de Europe orientale ou de la Mer Noire laissent peu de marge pour financer des projets dans l’Ouest ou le Nord de l’Europe. Ainsi par exemple la France, et plus récemment l’Espagne, ont-elles du opérer des ajustements douloureux en devenant des contributeurs nets au budget européen. Dans le même temps, la crise financière et la récession mondiale ont fait exploser les règles budgétaires en vigueur dans l’Union. Les Etats ont tous eu recours au protectionnisme national pour sauvegarder des emplois ou des industries menacés. Sans compter que la première présidence Barroso a été consumée par les marchandages constitutionnels. Cela cessera peut-être avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, mais pour l’instant les Irlandais et les Tchèques font de la résistance.
Dans ces conditions, Monsieur Barroso présente un bilan mitigé mais a réussi à maintenir un cap européen, en poussant par exemple à la définition de politiques ambitieuses de lutte contre le réchauffement climatique. Certes, les sujets de discorde restent très nombreux. Par exemple, aucun accord n’a été obtenu sur la politique énergétique et la position des pays européens vis-à-vis de la Russie, et la question du Kosovo continue de diviser les nations du continent. Mais les Européens ont peut-être de la chance d’avoir un président de Commission qui, dans un anglais, un français ou un espagnol sans faute, sait expliquer les dilemmes de l’Europe et tente de proposer des solutions.
Maintenant qu’il a été réélu, les dirigeants européens devraient se rallier à lui et permettre à la Commission d’exercer pleinement son pouvoir politique, en collaboration avec le Parlement européen. Car les citoyens sont fatigués de l’Europe. Plus de la moitié d’entre eux ne se donnent pas la peine de voter aux élections européennes et ils ont envoyé à Bruxelles quantité de députés eurosceptiques. Dès lors que le Président de la Commission a reçu un vote de confiance de la part d’une majorité des eurodéputés, il serait bon, pour insuffler à la construction européenne le souffle qui lui manque, que la même confiance soit exprimée par les dirigeants nationaux. Une présidence forte de la Commission est une bonne nouvelle pour l’Europe et pour ses citoyens. A Barroso d’y travailler pendant les cinq années à venir.
English version
Now that José Manuel Barroso has been re-elected President of the European Commission will Europe's leaders let him do his job?
His re-election was unedifying. Although the candidate of the centre- right group of ruling parties in the European People's Party Sr Barroso has received at best luke-warm endorsement from its chiefs.
President Sarkozy openly called his the election to be delayed. At the weekend Paris floated the idea that France's prime minister, Francois Fillon, would be a good replacement for Mr Barroso if he failed to win support from MEPs. Chancellor Merkel has barely contained her irritation at the Commission's insistence that the massive state aid Berlin has been pouring into its banking and automobile industries might not be compatible with EU rules.
If anything Barroso has had stronger support from prime ministers of the left. Labour Britain and socialist Spain and Portugal came out early and clearly for his reappointment. They were followed by the left governments in Hungary and Slovakia
Socialist MEPs who dislike Barroso's liberalising credentials thundered disapproval and attacked his re-election. But the Socialists forgot the first rule of politics: You cannot beat someone with no-one. They had no alternative candidate and the last thing Germany's social democrats needed ahead of the election on 27 September was their MEPs forcing a crisis in Europe by refusing to confirm Barroso.
Moreover as a young man Barroso took part in the peaceful revolution that ushered in democracy in his native Portugal. His personal engagement to democracy and human rights is based on lived experience of a European dictatorship. So while in economic terms he is a confirmed liberal Mr Barroso is no hatchet man of the right.
His real problem is that he, along with his two immediate successors, Romano Prodi and Jacques Santer, live in the long shadow of Jacques Delors. The Delors years can now been as the anni mirabli of European construction. Growth and social justice were delivered. Communism was buried. Europe expanded to include Spain, Portugal and the Nordic states. Even when Mrs Thatcher drifted into Euroscepticism and Britain began its long disenchantment with Europe Delors could count on the solid support of Francois Mitterrand and Helmut Kohl.
Sr Barroso has not such luck. Herding kittens is easier than getting 27 elbow-jabbing states into line. The transfers to poor EU member states in east Europe and the Black sea region leave little cash for projects in west and north Europe. France and now Spain have had to make the painful adjustment to being contributor not recipient nations. The credit crunch and world recession have blown apart EU finance rules. States have done their own thing and boasted of national protection for threatened industries or workers.
Barroso has done well to keep the show on the road with major breakdown. His presidency has been consumed by the EU's constitutional wrangling. This may end if the Irish vote Yes to the Lisbon treaty but the Czechs are now saying they may not sign the Lisbon Treaty until next spring in the middle of Spain’s EU presidency. Barroso does not enjoy the unqualfied support of a new Berlin-Paris axis as Mr Sarkozy and Mrs Merkel find it hard to get on let alone show the enthusiasm for European construction.
Barroso has helped steer Europe to clear policies on global warming but cannot secure agreement on a common energy supply policy in relation to Russia. Europe cannot even agree a joint line on Kosovo even as its proclaims to be a player in global policy making. If anything Europeans are lucky to have Barroso who in faultess English, French and Spanish explains Europe's dlemma and proposes solutions.
Now he is re-elected Europe's leaders should rally around him and start allowing the Barroso commission to exercise power and use its competences.
Europe's citizens are bored with Europe. Fewer than 50 per cent could be bothered to vote in the European Parliament elections and they elected scores of Eurosceptic MEPs. Now that Barroso has been given a vote of confidence by MEPs he should be given a vote of confidence by Europe's national leaders. A strong president of the Commission is good news for Europe. Barroso should now get down to work and be supported in his 5 year term.